Tours, classée "Ville d'art et d'histoire", témoigne d'un passé prestigieux, de l'empreinte d'époques et de styles qui ont laissé à la ville un patrimoine des plus riches et précieux. Capitale du royaume de France au XVe et XVIe siècle, la ville possède des trésors qu'elle a su préserver et promouvoir. Depuis 2000, Tours et plus généralement le Val de Loire font partie du patrimoine mondial de l’UNESCO, au titre de paysage culturel. Cela englobe, souligne Dominique Tremblay, directeur de la Mission Val de Loire "l'ensemble des aspects culturels, économiques, le paysage naturel, son évolution avec l'action de l'homme et le résultat des interactions de l'homme et de la nature."



Connu internationalement pour ses châteaux, le Val de Loire doit "dépasser cette image traditionnelle en mettant en avant la richesse de la faune et de la flore, l'offre culturelle et économique de la région" insiste-t-il. Les maisons à pans de bois, la cathédrale Saint-Gatien, le pont Wilson, le château… émerveillent eux aussi de nombreux touristes. Lieu de promenades et de réflexions, de rencontres et d'échanges, la place Plumereau, ancienne place du marché, est devenue un pôle d'attraction irrésistible de la cité tourangelle. Ce quartier historique et piétonnier (Basilique Saint-Martin, Tour Charlemagne…) abrite en effet de nombreux cafés, bars, pubs, restaurants et discothèques. En outre, depuis 1988, le label "ville d'art et d'histoire" marque l'engagement de la ville dans la mise en valeur de ce patrimoine ; ceci, non seulement en vue d'un développement touristique (signalétique des monuments, visites conférences…), mais aussi dans un but pédagogique, d'une part en milieu scolaire (ateliers…), d'autre part auprès de tous les publics avec des expositions temporaires présentant les différents aspects des richesses artistiques et architecturales.

Tours est, avant (chronologiquement) et après (par ordre d'importance) Paris, la ville qui inspire le plus le père de la Comédie humaine. Alors, après ou avant Paris, Tours et sa région sont une étape incontournable pour tout balzacien qui se respecte, d'autant plus que nombreux sont les lieux à voir qui sont liés à la vie du romancier ou à celle de ses personnages. Honoré naît à Tours en 1799, 39 rue Nationale (la maison a été détruite lors de la dernière guerre). En 1804, sa famille s'installe au n°53 de la même rue et il y vit jusqu'à son départ en 1807 pour le collège d'oratoriens de Vendôme (devenu lycée Ronsard), où il demeure jusqu'à 1813 et au départ des Balzac pour Paris. Autre lieu de mémoire balzacienne à Tours : 7 rue des Cerisiers, un hôtel du XVIe siècle abritait l'institution Vauquer où les sœurs de l'écrivain ont fait leurs études, et qui a très certainement légué son nom à la pension du Père Goriot. Balzac est parisien depuis 1814. À Paris, après des études de droit et des emplois de clerc de notaire, il décide en 1819 de se consacrer à la littérature. Jusqu'à 1829, il ne publie divers récits que sous des pseudonymes. En mars 1829 paraissent Les Chouans, signés Honoré Balzac. Honoré de Balzac apparaît l'année suivante, qui le voit aussi commencer à collaborer à divers journaux. La Touraine était déjà chère à son coeur, mais elle le devient plus encore lorsqu'il découvre Saché en 1823. Monsieur de Margonne, le propriétaire du château, a été l'amant de sa mère et se prend d'affection pour lui (ou bien, autre version, Honoré estime que Monsieur de Margonne "lui doit bien ça").

Presque chaque année entre 1823 et 1837, Balzac fait des séjours prolongés à Saché. Ici, à la différence de Paris, pas de loyers ni de traites à payer. Vingt-trois heures de diligence le mènent depuis la capitale jusqu'à Tours, puis une vingtaine de kilomètres - parfois parcourus à pied lorsque les finances sont basses - jusqu'à Saché. Comme la Touraine imprègne les Contes drolatiques, le Curé de Tours et d'autres oeuvres de La Comédie humaine, y jouant le rôle du paradis perdu, Le lys dans la vallée emprunte aux alentours de Saché ses châteaux et ses paysages. Le château de Frapesle, où sa mère envoie Félix reprendre des forces après qu'il ait aperçu Madame de Mortsauf, est en réalité Valesnes, qui appartient également à Monsieur de Margonne. De l'autre côté de l'Indre, le château de Clochegourde, appartenant au Comte de Mortsauf, a l'apparence de la ferme de Vonne et est situé à l'emplacement du château de la Chevrière. Le lys, c'est Madame de Mortsauf. La vallée, c'est la vallée de l'Indre.

Dans le château de Saché, on peut imaginer l'écrivain-forçat de l'écriture dans sa chambre-bureau, où la lampe à l'huile brûle autant que la cafetière, et dans le salon où, à la lueur des bougies, il cède parfois à la demande de Monsieur de Margonne et de ses invités et déclame de mémoire le chapitre en cours.